HISTOIRE
 

 

La MATRA-SIMCA RANCHO a été présentée au public en mars 1977 au salon de Genève. La production n'a réellement débuté que quelques mois après et il n'y a donc normalement pas de modèle 1977 de la Rancho.

Elle est l'aboutissement d'une réflexion sur la voiture de loisirs dont la demande allait croissante dans les années 70. La fin des années 70 voit en effet fleurir un certain nombre d'auto dites " vertes " destinées à s'écarter des routes revêtues pour aller s'aventurer dans les chemins plus ou moins carrossables. Les 4 x 4 « civilisés » sont encore peu nombreux, la majorité étant très rustiques, inspirés ou sur la base des célèbres Jeep.

Il y a une place pour un modèle intermédiaire, dit " tout chemin " et c'est dans ce créneau que MATRA s'engage, après avoir réalisé des modèles plutôt sportifs et pour couples sans (grands) enfants (Djet, Bagheera).

Philippe Guédon, directeur alors de la société, expose son projet et a le feu vert de Jean-Luc Lagardère.

Le développement d'une version 4 x 4 a été assez vite écarté à cause des coûts inhérents à un tel projet (bien qu'un prototype - voire 2 - aient été étudiés), des modifications techniques étant nécessaires, surtout pour la sortie de la transmission depuis un moteur transversal vers les roues arrière. Et comme le budget de conception est plutôt serré chez MATRA (10 millions de francs), on se contente de rester en 4 x 2 en partant d'un maximum d'éléments existants.

C'est la SIMCA 1100 VF2, en version fourgonnette bâchée, qui servira de base au RANCHO. Renforcée en de nombreux points, une garde au sol rehaussée, une carrosserie originale et voilà les ingrédients principaux qui distingueront la RANCHO de ses éventuelles concurrentes. MATRA maîtrise l'utilisation de la résine polyester et de la fibre de verre pour les carrosseries et c'est donc tout naturellement que la cellule arrière de la voiture reprendra ce savoir-faire, ainsi que le sur-toit sur la partie avant. La structure en résine et fibre de verre apporte une légèreté, une facilité de mise en œuvre et un moindre coût.

SIMCA 1100 VF2

Il est prévu à l'origine une production de 25 000 unités. Le succès dépassera toutes les espérances puisque près de 57 000 RANCHO seront vendues au final.

 

La presse fait état dès 1976 d'une nouvelle MATRA sur la base d'une SIMCA 1100. Les photos d'époque sont assez proches du modèle définitif du point de vue forme et volume global. Il s'agit du prototype P12.

La Rancho dans sa version définitive sera lancée au salon de Genève en mars 1977, dans un modèle unique, tout d'abord mais avec de nombreuses options possibles qui permettaient presque d'en faire une Grand Raid avant l'heure (exception faite du différentiel à glissement limité).

Un véhicule hors norme, même pour sa fabrication : sur la même chaîne de montage de l'usine de Romorantin (une ancienne filature), les ouvriers-mécaniciens assemblaient les deux véhicules produits; la Murena et la Rancho. Par exemple sur la chaîne, ils assemblaient 3 RANCHO, puis ensuite arrivait devant eux une Murena ; alors ils prenaient les pièces de Murena et assemblaient ce qu'ils devaient ! Une organisation très souple !

 

La technique est éprouvée : le moteur de la 1308 GT, la direction de la 1100, l'embrayage et la boîte de la 1307/1308, les freins et suspensions de la 1100, ainsi que le radiateur. Pneus PIRELLI CN 36 en 185/70 x 14, gros pare-chocs et protection de la ceinture de caisse par des éléments en polyester, un gros caisson surélevé à l'arrière avec une surface vitrée généreuse, voilà pour l'apparence. Le tableau de bord est dérivé de la 1100 ainsi que tout l'intérieur, la sellerie étant plutôt spécifique.

La tenue de route est excellente et le confort de la suspension est très apprécié en dehors des chemins, contrairement aux autres 4x4. Même si elle n'est pas taillée pour s'aventurer dans des chemins trop pentus ou boueux, avec le treuil optionnel, elle arrive bien souvent à se tirer d'affaire dans les nombreuses sorties hors route qui ont été tentées çà et là par les essayeurs professionnels.

Plusieurs versions sont apparues durant la carrière de la voiture, de la Rancho de base à la version X de luxe, en passant par la commerciale ou la Grand Raid. Quelques séries très limitées et très rares aujourd'hui ont aussi vu le jour (Midnight, Jeanneau, Loisirs, pick-up). On citera aussi l'exercice de style unique de Courrèges qui a proposé une version presque intégralement blanche mais qui n'a pas été produite en (petite) série,

 

Principales dates :

1977 : modèle unique RANCHO (RANCH en Italie). Les options de la future Grand Raid sont disponibles (sauf le différentiel à glissement limité).

1978 : en octobre, une première version spéciale apparaît aménagée par Courrèges, jamais produite en série.

1979 : moteur bas taux de compression disponible en option. En septembre, les châssis sont désormais traités par cataphorèse (avec garantie 6 ans anticorrosion).

1980 : en septembre, présentation de la X, de l'AS, de la découvrable et de la Grand Raid.

1981 : à la fin de l'année, la découvrable et la Grand Raid disparaissent mais le pack " Raid " subsiste disponible sur les versions de base (pas sur la X).

1984 : dernier millésime mais la production a été arrêtée en 1983. On écoule les stocks jusqu'en juin.

 

On aime :

- le look extraordinaire et bien spécifique,

- la garde au sol élevée,

- l'immense volume de chargement bien pensé,

- la mécanique éprouvée et bien connue,

- le confort de suspension,

- la disponibilité des pièces,

- les performances largement suffisantes,

- les nombreuses options pour personnaliser sa Rancho,

- l'éclairage excellent,

- l'économie globale d'utilisation.

 

On aime moins :

- la sensibilité énorme à la rouille de la plate forme (même si la galvanisation des châssis a amélioré légèrement les choses à partir de fin 1979),

- les consommations parfois trop importantes (quoique…),

- l'imprécision de la commande de la boîte de vitesse,

- le niveau sonore au dessus de 90 kl/h,

- l'accessibilité mécanique pour certaines pièces (filtre à huile…),

- la lourdeur de la direction (surtout à l'arrêt),

- l'accessibilité aux places arrière,

- le mauvais vieillissement de tous les assemblages intérieurs, en particulier des plastiques.